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TECHNIQUES ARGUMENTATIVES ET MOTS DU DISCOURS | ||||||
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Avant propos Je me suis proposé, dans le présent travail, de démontrer que les techniques argumentatives et les connecteurs argumentatifs ont une grande importance dans l’argumentation, opération qui «fait partie de notre vie quotidienne»1. s8x9xhStructurés en cinq chapitres, le travail veut clarifier certaines notions qui appartiennent au champ argumentatif. Le premier chapitre passe en revue les chercheurs qui ont étudié l’argumentation en abordant des perspectives diverses. Dans le deuxième chapitre j’ai donné quelques exemples de définitions de l’argumentation, puis j’ai présenté l’argumentation comme une opération discursive. J’ai suivi dans le troisième chapitre la liaison entre l’argumentation et la pragmatique et de même j’ai abordé l’argumentation comme théatralité. Mais je n’ai pas oublié de présenter des méthodes pour convaincre l’auditoire. Je peux dire que le quatrième chapitre a une structure complexe: Techniques argumentatives et mots du discours. Pour mettre en évidence les connecteurs argumentatifs j’ai choisi des exemples divers de Candide ou l’optimisme de Voltaire. Dans ces exemples j’ai tenté de souligner que les connecteurs argumentatifs articulent les actes de langage en orientant le raisonnement de l’énoncé. I. L’argumentation. Le stade actuel de la recherche I.1. Introduction On a souvent affirmé que la renaissance de l’argumentation au XX-ème siècle, son retour en force pendant la deuxième moitié de notre siècle s’expliquent par un terrain historique favorable ; elle est contemporaine de l’intérêt toujours accru pour la langue naturelle et sa logique. D’une part se multiplient les études sur le langage naturel et sur la logique naturelle, débouchant sur la pragmatique et la théorie du discours, domaine dépassant l’immanence du langage par la prise en charge de l’énonciation, des facteurs situationnismes, interactifs et intentionnels. D’autre part, les universités ont créé des enseignements axés sur la persuasion. La rhétorique connait ainsi un nouveau souffle. Des chercheurs modernes ( par exemple, Christian Plantin) prennent le terme de rhétorique dans son acception ancienne de théorie des discours sociaux liés a la manipulation, a la propagande, ainsi qu’aux savoirs communs ou a l’action argumentée. Ces discours en dépendance essentielle de leur contexte, sont orientés par l’intention des énonciateurs de produire des effets déterminés sur des destinataires différenciés. Une logique juridique, pleinement justifiable de l’art d’argumenter se fait jour. Somme toute, le xx-ème siècle est caractérisé par la parole argumentative. Cette parole argumentative se reflète dans le discours quotidien. Voici ce qu’écrit a ce sujet Pierre Oléron : « L’argumentation fait partie de notre vie quotidienne. Il n’est guère de pages d’un journal, de séquences a la radio, ou a la télévision qui n’exposent ou ne rapportent les arguments d’un éditorialiste, d’un invité, d’un homme politique, d’un auteur, d’un critique… Les textes ou présentations explicitement publicitaires argumentent pour justifier d’achat ou la consommation d’une marchandise ou de quelque produit culturel. A l’égard de ceux-ci, des magazines ou des chroniques spécialisées se livrent a des examens critiques qui font apparaitre qualités ou faiblesses et incitent a les adopter ou les rejeter. Et même la description d'événements, voire la présentation d'images sont parfois des arguments implicites en faveur de thèses, que l'habileté de leurs défenseurs conduit ici a ne pas démasquer davantage. Chacun de nous, par ailleurs, a divers moments, en diverses circonstances, est amené a argumenter, qu'il s'agisse de plaider sa cause, de justifier sa conduite, de condamner ou de louer amis, adversaires, hommes publics ou parents, de peser le pour et le contre d'un choix ou d'une décision. Et il est la cible d'arguments développés par d'autres dans les mêmes contextes, sur les mêmes sujets» . L’argumentation appartient a la famille des actions humaines qui ont pour objectif de convaincre. De nombreuses situations de communication ont en effet pour but d'obtenir d’une personne, d’un auditoire, d’un public, qu’ils adoptent tel comportement ou qu’ils partagent telle opinion. On rencontre fréquemment ces situations dans la vie quotidienne, sur un plan aussi bien privé que professionnel, comme par exemple dans le cadre plus général de la négociation. Du point de vue théorique, le XX-ème siècle se caractérise par le passage du paradigme issu des théories aristotéliciennes et de ses continuateurs romains au paradigme élargi d‘une rhétorique épistémique et d‘une théorie du discours, conçues comme des modes de connaissance et d‘influence des destinataires. Les ouvrages de Chaim Perelman, et plus particulièrement le Traité de l’argumentation qu’il écrivit en 1958 avec Lucie Olbrechts-Tyteca, sont passés inaperçus en leur temps. Philosophe du droit, Perelman a eu pour objectif de retrouver dans les pratiques les plus diverses de l’argumentation (au barreau bien sûr, mais aussi et surtout en philosophie et en littérature) les principes qui fondent une logique des valeurs. Il se situe dans la grande tradition aristotélicienne puisque, contrairement a la plupart de ses contemporains, il ne dédaigne pas le vraisemblable ni l’opinion. Son œuvre a fait l’objet de critiques, notamment de la part de ceux qui auraient souhaité une étude sur les aspects non rationnels et malhonnêtes de la rhétorique. Il est vrai que Perelman n’ose pas vraiment tenir compte de la mauvaise foi ni des formes caractérisées de manipulation : la sophistique est pratiquement exclue du Traité, de même que toute l’argumentation fondée sur la violence et les rapports de force. Il est paradoxal que ceux qui se sont inspirés de Perçant sont parfois les mêmes qui ont étudié les effets manipulateurs du discours: C’est le cas notamment de Marc Angenot, auteur de La Parole pamphlétaire (Payot, 1982). Un autre reproche serait de n’avoir pas abordé de manière suffisamment systématique les aspects formels de la rhétorique, en un mot, l’élocution. Mais il est vrai que le Traité étudie l’argumentation, et non l’ensemble du champ rhétorique. La pensée de Perçant n’a bénéficié de l’audience méritée que depuis la fin des années soixante-dix, au moment où parut L’Empire rhétorique (Paris, Brin, 1977), ouvrage dans lequel il résumait le Traité. Les lacunes de Perçant ont du reste été comblées par d’autres, notamment de nombreux chercheurs américains souvent inconnus des Français mais auxquels Christian Plantin a su rendre leur juste place (Essais sur l’argumentation, Paris, Kimé, 1990), tout comme l’école allemande, avec en particulier Heinrich Laiusseur. La fortune du travail des pionniers de la nouvelle rhétorique est riche de conséquences. Le Traité de l’argumentation a ouvert la voie a de nombreuses recherches en rhétoriques, en logique, en psychologie, en sociologie, en linguistique discursive. I.3. Les techniques de persuasion C’est surtout depuis les années cinquante que les chercheurs se
sont intéressés aux techniques de persuasion. La motivation des
masses a d’abord été l’objet de la propagande politique,
avant de devenir la préoccupation des publicitaires. Lorsque Vance Packard
écrit en 1958 La Persuasion clandestine, il ne parle pas de rhétorique,
mais son approche psychosociologique n’est pas sans concerner les phénomènes
du discours. I.4. L’approche tropologique et l’art de plaire Quoique liée a la précédente, cette autre approche est sans doute plus contestable, tant dans sa méthode que dans la définition de la rhétorique sur laquelle elle se fonde. Certains linguistes de la même période ne se sont en effet intéressés qu’a la rhétorique des tropes (figures d’écart), en la réduisant a l’élocution, perpétuant ainsi les lacunes de l’époque classique déja signalées. La rhétorique n’est plus l’art de persuader, mais simplement celui de plaire. Cette approche purement figurale nous fait remonter, entre autres auteurs, a l’encyclopédiste Du Marsais qui, dans son traité, Des Tropes ou des différents sens, répertorie les figures rencontrées exclusivement dans la littérature. Dans ses exemples, il délaisse les orateurs pour privilégier les poètes, latins en particulier. Un siècle plus tard, Pierre Fontaine adopte la même démarche et fait un classement plus complexe dans deux ouvrages, Manuel classique pour l’étude des tropes (1821) et Des figures autres que tropes (1872), que Gérard Genette a réunis sous le titre : Les figures du discours (Paris, Flammarion, 1968. Dans un article intitulé La rhétorique restreinte ("Communications ", non 16, 1970), Genette montre comment les classements combinés des deux auteurs, qui évincent du domaine des tropes un grand nombre de figures, accréditent les hypothèses des linguistes modernes pour obtenir le couple figural exemplaire métaphore et métonymie. Il fait référence bien sûr a toute la linguistique structurale et a Roman Jakobson en particulier qui ramène l’univers du langage a deux axes, syntagmatique et paradigmatique, simple repère orthonormé sur lequel devraient s’expliquer toutes les virtualités du langage. Les linguistes continuent de considérer que la rhétorique se limite a l’élocution. Le groupe Mu, auteur d’une Rhétorique générale, s’assigne pour mission de systématiser des procédés en les intégrant a une grille. Les figures sont donc mises en tableau avec la même rigueur scientifique que les éléments chimiques. La rhétorique se veut malgré toute générale, puisqu’elle prétend rendre compte des processus symbolisateurs et sémantiques fondamentaux, dépassant par la le cadre de l’élocution. Il semble qu’une théorie qui éloigne délibérément les sujets parlants, écrivains ou lecteurs de son champ d’étude et qui traite du langage comme d’un système plus ou moins clos plutôt que d’un ensemble de phénomènes de communication, se situe bien en deça de l’ouverture traditionnelle de la rhétorique qui doit prendre en compte, qu’on le veuille ou non, l’ensemble des moyens de persuasion. I. 4. Les approches logico-linguistiques La recherche n’a pas seulement porté sur l’élocution
et les figures. Elle s’est aussi intéressée a l’argumentation.
Son mérite est d’avoir essayé de traiter les messages selon
les règles de la logique formelle. En faisant évoluer la logique
a partir de la syllogistique aristotélicienne, des chercheurs
tels que Wittgenstein, Frege, Russel, Quine, etc., recherchent les principes
d’une philosophie du langage. Leurs problématiques diffèrent
de celle de Perelman en ce sens que toute tentative d’assimilation du
discours a la logique suppose qu’il n’y a que du rationnel
dans le langage. Perelman part au contraire du principe selon lequel l’argumentation
n’existe que parce qu’il y a un auditoire, principe qui relativise
le caractère logique du discours et qui pose une différence ontologique
entre le langage formel de type logico-mathématique, exempt d’ambiguité
parc qu’il ne traite que de propositions évidentes, et le langage
naturel dont les possibilités sont infinies et la souplesse nécessaire,
puisqu’il doit gérer les incertitudes de la sémantique et
le caractère affectif des relations entre les interlocuteurs. On pense
donc que l’approche formalisante des logiciens et des linguistes ne concerne,
tout comme l’approche tropologique, qu’une partie de la rhétorique
(l’argumentation) et a partir de présupposés nettement
différents.
??. L’Argumentation dans la recherche linguistique II.1. Définitions de l’argumentation La communication peut être définie comme un échange de
messages réalisé par interaction. L’argumentation est un
type spécial d’interaction. L’argumentation est un phénomène
social dans la vie quotidienne qui mobilise des intentions, des stratégies
d’adéquation cognitive et interpersonnelle et actualise une somme
de processus de divers types : l’inférence, l’explicitation,
l’induction, la déduction, l’implication. Des linguistes comme Christian Plantin considèrent l’argumentation comme une quatrième fonction du langage, selon l’expression de Popper : «La fonction argumentative, fonction critique, caractérise les langues naturelles. Elle opère une restructuration de trois fonctions primaires repérées par Bühler dans le procès général de communication : exprimer le soi, faire impression sur l’autre, décrire le monde. Elle leur donne sens en les soumettant aux exigences d’une situation problématique, d’une rencontre polémique où des positions et des intérêts se conjuguent ou se heurtent.» 1Convaincre est l’une des modalités essentielles de la communication, suivant que l’intention est d’exprimer un sentiment, un état, un regard singulier sur le monde ou sur soi ou d’informer, c’est-a-dire de décrire le plus objectivement possible une situation ou encore de convaincre, c’est-a-dire de proposer a un auditoire d’adhérer a une opinion. Exprimer, informer, convaincre : ces trois registres ne se confondent pas, même si, du fait de la richesse de la parole humaine, leurs frontières ne sont pas toujours si précises que le voudrait la théorie. Mais Pierre Oléron a adopté la définition suivante : l’argumentation est « la démarche par laquelle une personne- ou un groupe -; entreprend d’amener un auditoire a adopter une position par le recours a des présentations ou assertions - arguments -; qui visent a en montrer la validité ou le bien fonde.»1 On peut remarquer que l’argumentation fait intervenir plusieurs personnes: celles qui la produisent, celles qui la reçoivent, éventuellement un public ou des témoins. Donc, l’argumentation est un phénomène social. On sait qu’elle n’est pas un exercice spéculatif, comme le seraient par exemple la description d’un objet, la narration d’un événement. C’est une démarche pour laquelle une des personnes vise a exercer une influence sur l’autre. L’argumentation fait aussi intervenir des justifications, des éléments de preuve en faveur de la thèse défendue, qui n’est pas imposée par la force. C’est une procédure qui comporte des éléments rationnels ; elle a ainsi des rapportes avec le raisonnement et la logique. Pour O. Ducrot et J-C Anscombre, argumenter c’est « présenter un énoncé E1 (ou un ensemble d’énoncés ) comme destiné a faire admettre un autre (ou un ensemble d’autres ) E2 »2. Le verbe présenter y a une grande importance : l’énonciateur qui argumente ne dit pas E1 pour que le destinataire pense E2, mais il présente E1 comme devant normalement amener son interlocuteur a conclure E2 ; il définit donc un certain cadre a l’intérieur duquel l’énoncé E1 conduit a conclure E2 et l’impose au co-énonciateur. Une telle définition est cependant insuffisante pour mettre en évidence ce qu’a de particulier l’argumentation langagière, celle qui s’exerce dans l’usage ordinaire de la langue. Le point décisif est qu’il existe des contraintes spécifiquement linguistiques pour régler la possibilité de présenter un énoncé comme un argument en faveur d’un autre. On considère ces deux énoncés : (1) Jean n’a pas vu tous les films de Spielberg. (2) Christian a vu quelques films de Spielberg. D’un point de vue strictement informatif il est tout a fait possible que Jean ait vu beaucoup plus de films de Spielberg que Christian. Pourtant, et c’est la l’élément crucial, d’un point de vue argumentatif il apparait une divergence inattendue entre (1) et (2) : ( 1) est orienté vers une conclusion négative (par exemple : « il ne pourra pas écrire pour la revue ») tandis que (2) permet d’enchainer sur une conclusion positive (par exemple : « il nous sera utile »). La structure linguistique contraint l’argumentation indépendamment de l’information proprement dite véhiculée par les énoncés. Argumentation fait de discours normé fait de langue scientifiquement pragmatiquement raison scientifique : action pratique : VÉRITÉ ÉFFICACITE LOGIQUE RHÉTORIQUE METHODE Formelle non formelle, technique dialectique logique scientifique Ce schéma appartient a Ch. Plantin1, aussi le terme «argumentation»
recoure-t-il plusieurs perspectives : il peut être vu comme fait du discours
(pragmatique et scientifique a la fois) et comme fait de langage. L’énonciateur
en partant d’un motif scientifique, d’un discours scientifique,
réalise une action pratique, un discours pragmatique. Le discours scientifique
suit la vérité d’une perspective logique en utilisant une
méthode formelle technique ou une méthode non-formelle dialectique.
On observe aussi que le discours pragmatique suit l’efficacité
d’une perspective rhétorique. Pour argumenter, l’énonciateur
utilise un argument logique (Arg.-1), un argument scientifique (Arg.-2), un
argument dialectique (Arg.-3), un argument rhétorique (Arg.-4) et un
fait de langue (Arg.-5). Définir une norme discursive, c’est poser une intention externe
aussi bien a la langue qu’a l’activité discursive,
un but susceptible d’être approché au moyen de la langue
qui n’est qu’un instrument. On voit qu’il apparait le
problème de l’évaluation de l’argumentation: une argumentation
sera bonne ou mauvaise selon qu’elle servira bien ou mal un but défini
pré-et extra-discursivement. On distinguera deux grands types de fonctions
servies par l’argumentation, selon l’opposition du théorique,
dont la norme est la vérité, au pratique, dont la norme est l’efficacité. II.2. Des méthodes pour convaincre l’auditoire L’acte de convaincre se présente, d’une manière générale, comme une alternative possible a l’usage de la violence physique. On peut en effet obtenir d’autrui un acte, un général non souhaité, en usant de la force. Renoncer a utiliser la force représente un pas vers plus d’humanité, vers un lien social partagé et non imposé.La manipulation psychologique, largement utilisée pour convaincre, par exemple dans certains techniques de vente, relève également d’une violence exercée sur l’autre comme le montrent les expériences rapportées par Joule et Beauvois dans le Petit traité de manipulation a l’usage des gens honnêtes. Les moyens de convaincre peuvent aussi, dans cette perspective, être mis en oeuvre discrètement, voire sans que l’autre sache qu’il est l’objet d’une sollicitation, comme dans les situations décrites par Avance Packard dans son ouvrage La Persuasion clandestine (1963). De nombreuses formations a la communication ne sont ni plus ni moins que l’apprentissage de procédés visant a enserrer l’autre dans un piège mental dont il ne sortira qu’un adoptant l’acte ou l’opinion qu’on lui propose. On peut aussi convaincre a l’aide de méthodes plus douces. La séduction est fréquemment utilisée pour entrainer l’autre ou même des publics entiers, a partager tel point de vue. On sera ainsi amené a penser comme l’orateur parce qu’il est séduisant. Nombre d’hommes politiques jouent sur cette corde sensible en établissant une relation quasi charnelle avec leur auditoire, d’où toute connotation sexuelle n’est pas exclue. La pratique qui consiste a toucher physiquement l’électeur relève de ces méthodes. La séduction a de tout temps constitué l’un des moyens puissants d’entrainer la conviction. Celle-ci prend des formes très variées. A l’oral comme a l’écrit, l’usage de figures de style, qui enjolivent le discours en le rendant agréable a entendre relève de cette stratégie. Un slogan comme «un verre ça va, deux verres, bonjour les dégats», qui fait appel a une figure de rythme assez précise, n’est pas tant convaincant par ce qu’il argumenterait ou démontrerait que par sa présence agréable a l’oreille qui crée un sentiment d’évidence. D’autres moyens de convaincre font appel moins aux sentiments qu’a la raison. Il s’agit de la démonstration, c’est-a-dire de l’ensemble, des moyens qui permettent de transformer une affirmation ou un énoncé en un fait établi, que personne ne pourra contester, sauf a lui opposer peut-être un autre énoncé, mieux démontré. Ainsi si l’on soulève un objet et qu’on le lache sans lui imprimer de direction particulière, celui-ci se dirigera irrésistiblement vers le bas (au moins sur Terre) en suivant une trajectoire prévisible, décrite par la loi scientifique de la chute des corps. Pour convaincre qu’il s’agit la d’un fait établi, le chercheur met en place une démonstration, acceptée par ses pairs, qui peuvent la vérifier, et par le public, sur la base de la confiance dans les experts. La loi de la chute des corps ne s’argumente pas (il ne s’agit pas d’une opinion), elle se discute entre scientifiques, puis se prouve et se vérifie. III.1 Argumentation, communication et pragmatique Depuis quand l’homme pratique-t-il l’argumentation ? On serait
tenté de dire : depuis qu’il communique. Mieux encore : depuis
quand il a des opinions, des croyances, des valeurs, et qu’il met tout
en ouvre pour les faire partager par d’autres. C’est-a-dire
depuis toujours, dans la mesure où l’homme s’identifie a
une parole, a un point de vue propre sur le monde dans lequel il vit.
Si on veut soutenir, par exemple, la nécessité de la taxinomie, et qu’on a des moments différents, deux publics, l’un d’enseignants, l’autre de policiers, il est bien évident qu’a cette même opinion (la nécessité d’une politique de prévention) on peut faire correspondre deux argumentations distinctes, non pas parce que ce qui est dit serait différent de ce qu’on pense, mais parce qu’il est nécessaire de tenir compte du fait que l’on parle a un auditoire donné. En l’occurrence, on pourra, dans l’acte de prévention, insister, pour les uns, sur la dimension pédagogique qui le sous-tend et, pour les autres, sur la baisse attendue des crimes et délits que l’on peut en attendre. Argumenter est aussi choisir dans une opinion les aspects essentiels qui la rendront acceptable pour un public donné. La transformation d’une opinion en argument en fonction d’un auditoire particulier est précisément l’objet de l’argumentation : Les distinctions proposées par Ph. Breton1 dans le cadre de ce schéma, et qui lui donnent tout son volume, ne sont pas évidentes d’emblée, surtout si, par exemple, on croit que l’argumentation oppose face a face des subjectivités et réduit donc au schéma simple d’une confrontation duale, avec tout au plus, un message au milieu, mais dont la dimension psychologique ou relationnelle serait première. Parler de l’argumentation, en termes de communication implique de prendre en compte les modalités de réception de l’argument. Aucune opinion proposée n’intervient en terrain vierge. Chacun, sauf dans le cas d’une extrême nouveauté ou d’un domaine de connaissance spécialisé (mais on sait que, dans ce cas, les énoncés sont en dehors du champ de l’argumentation), a déja un point de vue proche de l’opinion qui lui est proposée. De toute façon, cette opinion va s’inscrire dans un ensemble de représentations, de valeurs, de croyances qui sont propres a l’auditoire considéré. On pourrait tout aussi bien définir l’argumentation comme un acte vivant a modifier le contexte de réception, en d’autres termes les opinions de l’auditoire. Cette formulation, pour être plus précise, doit rendre compte du fait qu’accepter l’opinion proposée par autrui n’est pas sans conséquence sur ce que l’on pensait précédemment, avant de connaitre cette opinion. L’auditoire, dans l’après-coup de l’acte argumentatif, ne dispose pas simplement d’une opinion «en plus» de ce qu’il pensait déja, il a dû changer son point sinon sur le monde, au moins sur les parties du monde qui, de proche en proche, sont concernées par l’argumentation. Ainsi, dans, l’exemple précédent, les enseignants convaincus l’ont modifié leur point de vue sur l’acte pédagogique, dont l’objet n’est plus simplement les connaissances classiques qui nourrissent les matières, comme l’histoire, la géographie ou les lettres, mais également toute connaissance permettant d’appréhender les réalités de la drogue et de la toxicomanie. A moins qu’ils n’aient toujors eté convaincus, sans le savoir, que cela en faisant partie. L’argumentation, dans ce cas, a servi a faire ce rappel, a raviver une mémoire. Argumenter, c’est d’abord agir sur l’opinion d’un auditoire, de telle façon que s’y dessine un creux, une place pour l’opinion que l’orateur lui propose. Au sens fort, argumenter, c’est construire une intersection entre les univers mentaux dans lesquels chaque individu vit. II.2. L’argumentation comme opération discursive Convaincre et persuader sont les deux visées de l’argumentation. Les différents modes du raisonnement ne sont pas seuls en jeu dans le discours argumentatif. Perelman et Olbrechts-Tyteca observent qu’on établit parfois entre persuader et convaincre l’opposition théorique suivante : «Pour qui se préoccupe du résultat, persuader est plus que convaincre, la conviction n’étant que le premier stade qui mène a l’action. Pour Rousseau, ce n’est rien de convaincre un enfant si l’on ne saint de persuader.Ce passage expose une distinction conceptuelle plus ou moins greffée sur une opposition sémantique entre persuader et convaincre. On considère en effet les énoncés : A. Nous le convaincrons que cet homme est un escroc. B. Nous le persuaderons que cet homme est un escroc. qui peuvent être employés en parlant d’une future action devant un juge. Si l’homme en question est réellement un escroc, si l’énoncé cet homme est un escroc est vrai, les accusateurs emploieront A. Si l’énoncé est faux, s’il s’agit d’accuser a tort un innocent, alors l’accusateur trompeur parlant a ses complices lui préféra B. Dans ce contexte, on est bien convaincu du vrai mais seulement persuadé du faux. On essaye cependant de déterminer plus précisément quelques traits de l’usage courant de ces deux verbes. Les bases convaincre et persuader produisent les dérivés substantifs et adjectifs : conviction Il existe au moins un contexte dans lequel convaincre est possible alors que
persuader est agrammatical : La différence apparait si l’on rapproche ces substantifs
des énoncés passifs. Si A convainc B de P, alors B est convaincu
de P, et on peut parler de la conviction de B, sujet passif. Si A persuade B
que P, alors B est persuadé que P; cependant, on ne peut plus parler
de *la persuasion de B, mais seulement de la (force de) persuasion dont fait
preuve A, sujet actif. III.3. Le discours rhétorique est-il énoncé pour persuader ? La structure codifiée du discours rhétorique classique distingue
cinq moments, qui se rattachent de façon complexe aux ressorts rationnels
ou passionnels. L’effet du discours est rapporté a trois
pôles : plaire, particulièrement lors de l’exorde ; émouvoir,
lors de la péroraison ; et enseigner par la narration et l’argumentation.
L’appel aux passions encadre les moments rationnels. Le persuader est
l’oeuvre du discours dans son ensemble. Le docere est le chemin intellectuel
de la persuasion, que l’on peut également approcher par le biais
de l’affect. Il faut donc souligner que, dans le discours ainsi construit,
les raisons ne s’opposent pas aux passions, mais que les unes et les autres
sont coordonnées stratégiquement dans une perspective unique. III.4. Argumentation et théatralité Les discours politiques, publicitaires etc. supposent très généralement
l’existence d’une norme pragmatique les oriente. Les argumentations
induisent réfutent ou stabilisent des croyances et des comportements
des publics ; il existe donc un critère permettant de hiérarchiser
les modes d’argumenter, ce sont les critères de l’efficacité
pratique, selon que les argumentations induisent, réfutent ou stabilisent
plus ou moins possible de tester l’efficacité de diverses méthodes,
ces techniques argumentatives sont ouvertes a l’investigation expérimentale.
L’ordre est donc marque d’une présence fondamentale a
toute argumentation: celle d’un auditoire d’une communauté
de lecteurs. Trois types d’ordre ont été identifiés
par Chaim Perelman1 : l’ordre de force croissante, l’ordre
de force décroissante est le plus récommandé qui a reçu
l’appellation d’ordre nestorien. L’inconvénient signalé de l’ordre croissant
est que les arguments médiocres placés au début peuvent
indisposer d’emblée l’auditeur, et réciproquement,
placé a la fin, ils peuvent laisser ce mème l’auditeur
sur une dernière impression défavorable. L’ordre décroissante
terminant le discours par les arguments les plus faibles, laisse l’auditeur
sur une mauvaise impression, souvent la seule dont il se souvient. D’où
l’intérêt de l’ordre nestorien1: encadrer le discours,
au début et a fin, par les arguments les plus solides. |
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