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Géographie
L'ame des provinces françaises se révèle souvent
a travers leur histoire, traditions et culture. La Normandie offre en
plus une géographie source d'inspiration, de poésie et de rêverie
(elle fut la muse de bien des artistes, de Monet a Proust en passant
par les ciels enflammés de Boudin). Elle sait offrir la raison de sa
vocation de terre d'influence : les cinq cent kilomètres de côte
qui bordent la région ont vu venir les aventuriers (Northmen), les voyageurs
et les commerçants. Les côtes encore ont attiré les parisiens
dès qu'une certaine "Duchesse du Berry" lança la mode
des "bains de mer" dans les années 1820
La Normandie est aussi un bocage qui, des collines du Perche (350m) jusqu'au
Mont des Avaloirs et Signal d'Ecouves (477m) sont les plus hauts massifs de
la France de l'ouest. Elle connait des domaines de champs découverts
consacrés au labour, des parcelles étroites et irrégulières
de patûre éprouvant les ondulations du paysage ; elle est ponctuée
de villages, de prairies ombragées de pommiers et les haies des bocages
alignent leurs arbres en futaie. Les vallées normandes voient le hêtre
régner sur ses forêts.
Les pommes sont partie intégrante de l'histoire de la Normandie ; les
pommiers couvraient déja le territoire au temps de la Gaule romaine.
Ce n'est pourtant qu'en 1553 que "Gilles de Gouberville" distillera
le premier cidre. Mais la pomme normande est aussi médicinale en cataplasmes
ou en onguents ; elle fut l'un des cosmétiques prisés des belles
dames de la Renaissance : la Pommade. Avec deux mille variétés
de pommes, la Normandie est fière de sa production de cidre, pommeaux
et eau-de-vie de cidre : Calvados ou "calva”.
La principale occupante des prairies normandes est connue du monde entier. La
vache normande n'en est pas moins une actrice importante de l'économie
régionale ; pour sa viande mais aussi son lait avec lequel on produit
crème, beurre et les "héros" des plateaux de fromages
comme le Camembert, le Pont-l'Evêque, le Livarot, etc... La richesse des
paysages normands reflète également celle de ses habitants, de
ses chateaux, de ses abbayes et aujourd'hui de ses entreprises. Elle est
découpée en deux régions administratives : la Haute-Normandie
(départements de la Seine-Maritime et de l'Eure) comptant 1.737.000 habitants
pour 12.317 km2 et la Basse-Normandie (départements de la Manche, du
Calvados et de l'Orne) comptant 1.391.000 habitants pour 17.589 km2.
Ce sont les caprices de la nature et l'apogée de l'érosion qui
offrirent a Etretat l'un des plus beaux sites naturels de France. Non
sans humour, l'Aiguille inspira a "Maurice Leblanc" la rocambolesque
idée d'être la caverne d'Ali-Baba de son personnage : Arsène
Lupin. Depuis les Vikings remontant la Seine pour assièger Paris, la
Normandie est résolument tournée vers la Capitale. Après
avoir été le théatre de la première ligne
de chemin de fer, elle est traversée par la première autoroute
française (A13) reliant aujourd'hui Paris a Caen et bientôt
Argentan, puis Rouen a Calais. La liaison de la rive gauche a
la rive droite de la Seine est réalisée par des monuments exemplaires
: le Pont de Tancarville en 1959 et le Pont de Normandie en 1996. Ces liens
de communication contribuent au développement touristique et économique
de notre région.
Histoire de la Normandie
Au paléolithique, c'est-a-dire au premier age de la préhistoire,
déja l'homme se promène dans la forêt normande et
s'abreuve dans ses cours d'eau. En témoignent les abris sous roche au
néolithique (il y a quelques cinq mille ans). Les habitants de la région
domestiquent les chèvres, les cochons, les équidés et surtout
se lancent dans "l'érection" d'énormes pierres que l'on
appellera pierres plantées, graviers de Gargantua - toujours aussi mystérieux
l'on pense généralement que ce sont des sépultures. L'age
du bronze, les occupants du sol deviennent experts dans la fusion du cuivre
et de l'étain. L'histoire devient gauloise, après être passée
par les Celtes venus d'Europe Centrale. Les Gaulois se forment en tribus : Véliocasses
dans le Vexin, Lexiviens a Lisieux, Eburovices a Evreux, etc...
Les Gaulois, bons laboureurs et bons soldats, sont de nature indisciplinée
et turbulente et leur manque de cohésion fera que les légionnaires
de César arriveront rapidement a se rendre maitres de la
région. Nos amateurs de cervoise et de charcuterie (déja
réputée) se laisseront civiliser par les Romains et ce pour quatre
siècle au moins ; finis les vieux chemins gaulois tracés au gré
de la fantaisie, les routes sont tracées de manière droite et
rectiligne pavées d'allées et bordées d'arbres ; temples
et thermes se construisent, l'organisation romaine se met en place, les gaulois
changent et ils s'adaptent même au latin. Ensuite, grande bousculade d'envahisseurs
: les Francs, les Saxons, les Alains et bien d'autres vont tour a tour
envahir la Gaule romaine.
Jurant par Thor et par Odin, nos joyeux Vikings vont piller, violer, massacrer
et ce jusqu'en 911 où sera signé le fameux traité de Saint
Clair sur Epte entre le roi Franc "Charles le Simple" et "Rollon
ou Rolf" chef des Northmen ; il est vrai que les incursions réitérées
sur Paris ont fait réfléchir le roi Charles. Dès ce jour,
notre belle province devient la Normandie, nos envahisseurs se calment et s'embourgeoisent
pour un temps.
Bientôt, l'heure de "Guillaume le Conquérant" va sonner
et le 14 Octobre 1066, il gagnera et la bataille d'Hasting et un royaume pendant
que la "Reine Mathilde" fait de la tapisserie...
Les Héritiers de Guillaume prendront le nom bucolique de Plantagenêts
et règneront désormais sur le Normandie et l'Angleterre. En 1189,
Richard dit "Coeur de Lion" ceint la double couronne. Il sera tout
au long de sa vie en lutte avec "Philippe Auguste" roi de France qui
regarde avec concupiscence la belle Normandie. Pour la protéger, il construira
en 1197 la forteresse de Chateau Gaillard sur un rocher dominant la Seine
- trois grosses tours entourées d'un large fossé taillées
dans la roche. Les rois de France ne cesseront de "loucher" vers la
belle province essayant par tous les moyens de l'annexer soit par les armes,
soit par ruses diverses. En 1315, "Louis X le Hutin" fera rédiger
la charte aux Normands dans laquelle il leur fera maintes promesses, entre autres
faire de l'Echiquier de Rouen, une cour souveraine de comptes et de justice.
Les Normands sont persuadés qu'ils ont gagné et en réalité,
la page est tournée. La Normandie des Vikings n'est plus, une ère
nouvelle s'installe de calme et de prospérité
Mais les périodes de paix ne durent jamais bien longtemps et Anglois
et François guerroyeront allègrement pendant cent ans. "Jeannne
d'Arc" y gagnera son statut de sainte, elle sera brûlée sur
le bûcher a Rouen, le 30 Mai 1431, sur la place du Vieux Marché.
Sainte pour les uns, sorcière pour d'autres, elle a donné semble-t-il
un regain de courage au malheureux roi de France "Charles VII" qui
le 10 Novembre 1449 entre a Rouen en vainqueur.
Avril 1608, "Champlain" et "Dupont-Gravé" partent
de Honfleur avec des colons, arrivent en Juin a Tadoussac et désormais,
les Normands jouent un rôle dans le peuplement de la Nouvelle France en
créant Québec. Soixante ans plus tard, c'est un rouennais "Roger
Cavelier de la Salle" qui découvre l'Ohio et le Mississipi.
En 1685, lors de la révocation de l'édit de Nantes par le "Roi
Soleil" le quatorzième du nom, nombreux furent les Normands protestants
a s'exiler vers les Pays-Bas, l'Angleterre et la Prusse (près
de 80.000) emportant par la même occasion leurs biens et leurs savoirs.
1786, "Louis XVI" visitant la Normandie, reçoit un accueil
enthousiaste dans toute la province ce qui n'empêchera pas les mêmes
Normands, trois ans plus tard en 1789, de marcher sur Versailles pour y chercher
le roi. 1790, a Beaumoncel ferme de Camembert, "Marie Harel"
sur les conseils d'un prêtre réfractaire venu de Brie, invente
le fameux "camembert". 1793, "Charlotte Corday" venue de
Caen se rend rue des Cordeliers a Paris. Nous sommes en Juillet, "Marat"
baigne... bientôt dans une mare de sang
"Napoléon Bonaparte" fait subir a la Normandie le même
sort qu'aux autres régions, c'est-a-dire obliger les jeunes hommes
a partir de vingt ans a s'enrôler dans sa grande armée,
réquisitionner chevaux et bovins afin de servir de nourriture aux Grognards,
donc priver la province de ses forces vives. Le blocus de 1811 que les Anglais
font subir a la France prive les ports normands de débouchés,
asphyxiant le commerce ; activité au ralenti, appauvrissement de la province.
Le seul cadeau qu'il fait a la Normandie est le passage de "Joséphine
de Beauharnais", répudiée et exilée a Evreux,
a qui il a fait don du chateau de Navarre dit "la Marmite".
Problème pour les politiques normands, doivent-ils accueillir Joséphine
comme une impératrice? L'accueil fut donc mitigé mais au charme
de Joséphine nul ne peut résister.
Dès cette époque, la région est une véritable pépinière
de peintres : Claude Monet d'origine havraise s'installe définitivement
a Giverny en 1883 où il peint les Nymphéas ; les cultivateurs
qui ne l'apprécient que modérément lui louent les meules
de foin qu'il veut peindre allant jusqu'a lui faire payer un droit de
passage pour traverser leurs champs. Grand ami de Georges Clémenceau,
celui-ci achète en 1908 un petit chateau a Bernouville afin
de se rapprocher de Monet. "Jean-François Millet" ainsi que
"Turner", "Bonington", "Daubigny", "Corot",
"Jongkind" et "Boudin" furent aussi influencés par
les paysages normands.
La littérature n'est pas en reste avec "Alphonse Allais" humoriste
de Honfleur qui disait : "Les familles, l'été venu, se dirigent
vers la mer en y emmenant leurs enfants. Dans l'espoir, souvent décu,
de noyer les plus laids". "Marcel Proust", quant a lui,
passe tous ses étés a Cabourg de 1907 a 1914 dans
le Grand Hôtel qui servira de décor a son roman A l'ombre
des jeunes filles en fleur. "Guy de Mauppassant" né a
Fécamp trouve dans sa province natale ses principaux sujets et personnages
notamment Boule de suif paru en 1880
Gustave Flaubert en 1856 s'inspire d'un fait divers survenu dans le village
de Ry (Yonville-l'Abbaye) pour écrire son roman Madame Bovary. En 1866,
le compositeur "Erik Satie" nait a Honfleur rue de la
Sirène. En 1906, "Aristide Briand" découvre au hasard
d'une partie de chasse le hameau de Cocherel ; il est séduit par la tranquillité
et le charme de l'endroit. Se faisant raser chez un coiffeur de Pacy-sur-Eure,
celui-ci traite d'incapable les politiques du moment, se proposant de leur tailler
la moustache en pointe et de s'exclamer : "Merci, c'est parfait ! vous
venez de raser impeccablement le Ministre des Affaires Etrangères et
vous ne lui avez pas taillé les moustaches en pointe". Il fut dix
fois Président du Conseil et vingt-deux fois Ministre ; mort en 1932,
il est enterré a Cocherel. "Edouard Herriot", en terminant
son oraison, proclamera juste sept ans avant la seconde guerre mondiale : "Avec
l'oeuvre de Briand, la guerre est mise hors-la-loi"
Juin 1944, après quatre années d'occupation nazie, c'est par la
Normandie que débarquent les troupes alliées pour libérer
l'Europe du joug fasciste. Les Normands paieront un lourd tribut pour cette
liberté retrouvée: villes rasées, campagnes dévastées
par l'US Air Force et la Royal Air Force (plus de 3.000 civils havrais furent
sacrifiés aux stratégies militaires).
Rouen brille en Capitale de la Haute Normandie. La ville de Corneille et de
Flaubert a bien des atouts pour séduire. Seconde unité
Urbaine du bassin parisien Rouen <https://www.normandienet.tm.fr/nn/Rouen/RG7.HTM>
n’est pas seulement une ville tournée vers le tourisme, mais aussi
le cinquième Port Français. Cette citée de charme ne se
livre pas facilement comme toutes les belles, elle se découvre avec le
temps.
Un scénario étrange se joue par ses rues, celui d'une ville qui
serait multiple. Une cité qui se déroule le long de la Seine,
en deux rives opposées: Le Rouen de la rive gauche du fleuve, un Rouen
économique en plein essort. L'autre, celui de la rive droite est le Rouen
historique et culturel et des étudiants de Mont St Aignan... Cette dualité
constante contribue sans doute a donner a cette cité une
force particulière, dont elle puise les origines dans sa génèse.