La Lozère axée sur le tourisme vert
Le marketing des entreprises culturelles
D'un côté du grillage, un homme de près de 70 ans se dresse
au milieu d'une meute de loups. De l'autre, une quarantaine de touristes médusés
le regardent. Gérard Menatory vit avec ces animaux depuis toujours. Cent
vingt loups évoluent en liberté dans ce parc, ouvert il y a huit
ans dans l'Aubrac. II attire 100 000 visiteurs par an. Département le moins
peuplé de France (14 hab./km2), désertée par les industriels,
la Lozère mise depuis quinze ans sur le tourisme vert.
Un développement axé sur la valorisation des ressources naturelles.
L'espace : plusieurs réserves d'animaux ont été créées
pour préserver des espèces en voie de disparition. En plus des loups,
la Lozère abrite des bisons, des chevaux et des vautours. Le bois et la
pierre : toits de lauzes et murs en granit sont de rigueur pour les quelque 600
gites ruraux. L'eau, enfin : avec ses 700 rivières, le «chateau
d'eau » de la France a développé une série d'activités,
de la pêche a la truite au canoë-kayak, du thermalisme (Bagnols-les-Bains)
a l'aquaculture de montagne. Dernier projet, prévu pour l'été
1994 : le centre de remise en forme de La Chaldette, créé a
partir d'une ancienne source dans l'Aubrac. Sur le plan financier, le département
a habilement plaidé sa cause auprès de Bruxelles. Devenu une sorte
de laboratoire des programmes d'aide européens, il a attiré une
manne importante que les acteurs locaux ont su utiliser : une structure intégrée
coordonne a l'échelle du département la production, la commercialisation,
la promotion et la gestion.
Grace au tourisme, la Lozère survit : sa population double en été,
et cette activité représente un chiffre d’affaires de 400
millions de francs par an. Mais cela ne suffit pas : les responsables locaux se
battent pour obtenir de meilleurs équipements routiers, et surtout l'implantation
d'établissements d'enseignement supérieur.
L'Expansion, n° 459, 9-22 septembre 1993.
La Côte n'a plus la cote
Il faut se rendre a l'évidence : la Côte d'Azur n'a plus la
cote... Les estivants français désertent bel et bien. Ils font des
séjours de plus en plus courts et fuient le bord de mer pour se réfugier
dans la ver-dure de l'arrière-pays. On cherche évidemment des explications
a cette désaffection. Tous finissent par reconnaitre que le
vrai problème est celui du bétonnage... La Riviera est devenue en
effet une métropole de 1 million d'habitants sur une étroite bande
de terre de 50 km de longueur, entre La Napoule et Men-ton, où s'agglutinent
immeubles, villas, autoroutes et ports de plaisance. «On a construit n'importe
quoi, n'importe où.. » Vivre et travailler sans voiture sur la Côte
est pratiquement impossible. D'où les embouteillages chroniques en toutes
saisons... Quant aux infrastructures touristiques, elles ont été
conçues d'une manière aussi anarchique. « Chaque municipalité
voulait son golf, son port de plaisance, son palais des Congrès sans s'occuper
de savoir si ces équipements ne pouvaient pas être partagés
avec les communes voisines... » II a fallu attendre les années 80
pour que la plupart des communes du littoral s'équipent de stations d'épuration.
Mais la majeure partie des villas qui pullulent sur les collines niçoises
ne sont pas raccordées aux égouts. Pas plus que les bateaux de plaisance
qui rejettent allègrement leurs eaux usées dans les ports qui deviennent
des cloaques. La future autoroute A 58... devrait joindre Draguignan a
Nice en par-courant les collines de Grasse et de Vence... « C'est une absurdité,
on va massacrer les derniers sites encore préservés ». Si
la Riviera continue a se développer, le risque est grand désormais
de tuer une poule aux œufs d'or qui montre déja des signes
de fatigue.
La Côte d'Azur pleure sur un age d'or révolu
De toutes les villes de la Côte d'Azur Nice est sans conteste celle qui
souffre le plus du déclin de son image. La Côte d'Azur reste, certes,
la deuxième région touristique de France après Paris. Mais
la désaffection gagne. Le comité régional de Tourisme dénombrait
8,5 millions de touristes en 1985 ; le même organisme prévoyait
en 1991 que le seuil de 10 millions serait dépassé avant la fin
du siècle. Or 1994 a été une des plus mauvaises années,
la durée des séjours ayant raccourci et leur nombre n'atteignant
plus que 7,8 millions ; les résultats de 1995 proches de ceux de 1994
ont été médiocres. Les étrangers, qui représentent
a eux seuls la moitié des visiteurs viennent aussi nombreux que
par le passé. Principal accusé, donc, le marché national
en régression. Parmi les raisons invoquées par les professionnels
du tourisme, la concurrence des pays du tiers-monde, la cherté de la
vie « fausse réputation », bien sûr, ou encore la perte
de l'auréole de luxe. L'urbanisation a outrance qui a beaucoup
rapporté jusqu'a la fin des années 80 coûte cher
aujourd'hui la Côte d'Azur c'est « une grande ville de 80 kilomètres
de long a l'image de Los Angeles », « c'est Paris avec vue
sur la mer, mais sans le métro » .
Les bienfaits du tourisme
Peut-on un instant imaginer la France si l'on n'avait pas inventé les
vacances ? Un Français sur deux ne se déplacerait pas, des dizaines
de millions d'étrangers ne découvriraient pas notre pays, des
millions de Français ne parcourraient pas le monde, la balance des paiements
serait gravement déficitaire. Enfin, des millions de maisons en ruine
parsèmeraient les campagnes françaises car rien ne serait venu
compenser l'exode rural. a...i Aménager le territoire aujourd'hui ne
peut plus se faire sans penser aux vacances. Non seulement a cause des
routes nécessaires, des constructions, des services... mais aussi parce
que les vacances désignent souvent des lieux où il sera possible
de faire venir des travailleurs a la formation rare, des jeunes, des
entrepreneurs. De plus, aujourd'hui, avec le développement des désirs
de nature, d'authenticité, de tranquillité, l'imaginaire des vacances
est en train de se saisir du monde rural. II chante le Lot comme le Massif central,
les Préalpes comme la Bretagne intérieure, les Vosges... Peu a
peu, le discours de mort de l'exode rural est remplacé par ce discours
de désir. Peu a peu, les agriculteurs peuvent y valoriser des
produits de terroir qui prennent label de ce désir public.
La côte ouest a le vent en poupe
Ré, Belle-Ile et Noirmoutier sont aux années 90 ce que «
Saint-Trop » était aux années 70. Les marées détrônent
le soleil, la pêche aux moules le bronzage a tout prix, les promenades
sur les rochers la sieste sous les oliviers. La côte atlantique, et plus
particulièrement la Bretagne, serait donc porteuse d'un « retour
aux sources » si cher aux publicitaires en cette période d'incertitudes.
La Méditerranée évoque l’oisiveté, les années
80, Bernard Tapie ; aujourd'hui les capitaines d'industries qui « marchent
» François Pinault, les Leclerc, Yves Rocher, la famille Bolloré
sont bretons ; l’Atlantique c'est l'authenticité, quand ça
va mal, on y affronte les éléments. Les méditerranéens
ne manquent pas de crier au cliché, a la caricature.
L’ile de Ré, malade de son succès
Les Rétais n'aiment pas la publicité, a chaque fois qu'on
voit un article dans les journaux, on s'arrache les cheveux. Les revues n'ont
déja que trop vanté les lieux, les magazines de décoration
trop exploité le style Ré. Tout est trop a en croire les
habitants. On a trop construit, l'été il y a trop de monde, trop
d’embouteillages, trop de vélos. L'ile paie la rançon
de son succès : 130 000 a 180 000 personnes y séjournent
au mois d’août, pour une population de 15 000 habitants en hiver.
Les Rétais se targuent d'avoir su faire cohabiter un tourisme de masse
- sur 30 kilomètres de côtes, l'ile compte soixante campings
- et un tourisme plus élitiste. Mais ils sont quelques-uns aujourd'hui,
a prendre conscience d'une faille dans cette symbiose