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Israël: le mur de la déraison | ||||||
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r6q11qc Israël: le mur de la déraison Avec la politique de Sharon, jamais depuis sa création la sécurité de l'Etat d'Israël n'a été aussi assurée, tandis que jamais celle de ses citoyens n'a été aussi menacée ________________________________________ «Il n'y a guère de gens qui ne soient honteux de s'être aimés quand ils ne s'aiment plus.» Cette maxime de La Rochefoucauld, qui s'applique aux personnes, on est tenté de l'étendre aux nations. Surtout lorsqu'on rentre d'Israël. Car, disons-le sans détour, entre la France et Israël, deux pays autrefois si amis et si complices, le désamour s'est installé. Profondément. Durablement. Au-dela même du raisonnable. Voyez plutôt les sondages croisés (1) commandés dans chacun
des pays sur l'image de l'autre, a l'occasion du colloque qui vient de
se tenir a l'université de Tel-Aviv, a l'initiative conjointe
des deux ministres des Affaires étrangères (2). Même pour
un public aussi averti, ces deux sondages furent un choc. Alors que les Français
éprouvent une grande sympathie pour le Maroc (69%) et l'Egypte (68%),
destinations de vacances il est vrai, Israël ne rassemble que 38% de partisans
contre 48% d'opposants. Moins bien que la Jordanie et surtout que la Palestine,
a peine mieux que la Syrie... Certes, les Israéliens sont réputés
ici puissants (68%) et courageux (60%), mais aussi agressifs (68%), peu démocratiques
(52%), peu respectueux des droits de l'homme (56%), peu enclins a la
paix (62%). A le considérer de près, ce bouquet d'opinions françaises
n'est que l'illustration du fameux mot du général de Gaulle, datant
de 1967: «Un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur»,
qui marqua un tournant décisif dans les relations franco-israéliennes. Maintenant, si l'on veut tenter d'expliquer, comme l'ont fait Elie Barnavi, Pierre Nora, Jean-Claude Casanova et Hubert Védrine au cours du colloque, l'évolution des relations entre les deux pays, il faut se souvenir que la France de la IVe République fut pour Israël ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis de Bush: l'alliée privilégiée. En 1956, France, Israël et Grande-Bretagne ont déclenché de concert l'expédition de Suez contre Nasser, vivement condamnée alors par les Etats-Unis tandis que l'URSS nous menaçait de représailles nucléaires. Mais depuis les deux pays se sont trouvés a trois reprises, en 1967, en 1991 et en 2003, en désaccord déclaré a propos de la question essentielle sur quoi repose les relations internationales: la guerre. A trois reprises, la France tenta de sauver la paix tandis que chaque fois Israël ne voyait son salut que dans la guerre. A la veille de la guerre de Six-Jours, le général de Gaulle avait formellement déconseillé a Israël, par le truchement d'Abba Eban, cette forme de guerre préventive que les Américains ont baptisée preemptive pour signifier la réponse a un péril immédiat. Une deuxième fois, a la veille de la guerre du Golfe, François Mitterrand fit a son tour d'ultimes efforts pour éviter l'intervention alliée contre Saddam Hussein, a laquelle il allait finalement se rallier. Enfin, l'an dernier, ce fut le tour de Jacques Chirac d'essayer au Conseil de Sécurité d'empêcher les Américains de se lancer dans une aventure malencontreuse que Sharon, de son côté, appelait de ses voeux. Israël n'en attendait-il pas l'élimination, au moins provisoire, de l'un de ses principaux ennemis? On ne saurait oublier qu'il existe dans l'entourage de George Bush tout un courant de «likoudniks», tels Richard Perle, Douglas Feith ou Elliot Abrams. Beaucoup de bons observateurs estiment même que, dans la détermination américaine, le souci d'assurer la sécurité d'Israël a été un élément déterminant. Le complexe militaro-industriel dénoncé en son temps par Eisenhower s'est ainsi enrichi d'une tendance religieuse a connotation prophétique, voire apocalyptique, qui voit dans l'Etat d'Israël un instrument du dessein divin sur la terre. Revenons un instant a de Gaulle. Dans sa célèbre conférence de presse du 27 novembre 1967, a laquelle j'ai déja fait allusion, il déclarait notamment: «Israël, ayant attaqué, s'est emparé en six jours de combats des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise sur les territoires qu'il a pris l'occupation, qui ne peut aller sans opposition, répression, expulsions, et il s'y manifeste contre lui une résistance qu'a son tour il qualifie de terrorisme.» Saisissante description, toujours valable trente-sept ans après. Tous les mots (occupation, répression, résistance, terrorisme...) ont été choisis avec soin. Quiconque se rend sur ces barrages routiers qui organisent, contrôlent et entravent les flux de circulation entre Israël et les «territoires» ne peut qu'être frappé par le caractère affreusement banal et classique des situations de ce type. D'interminables queues de Palestiniens, en majorité des femmes et des
enfants, souvent misérables, presque toujours harassés de fatigue,
attendent au soleil, parfois des heures durant, leur tour pour franchir la frontière
afin d'aller travailler, visiter de la famille, faire des démarches administratives,
obtenir des papiers, se faire soigner. En face, des soldats jeunes, souvent
novices, presque toujours apeurés, braquent derrière des sacs
de sable leur arme sur ce troupeau résigné d'où surgiront
peut-être dans un instant la grenade, la bombe, le kamikaze. La guerre
au civil. Car le paradoxe actuel est celui-ci: jamais, depuis sa création,
la sécurité de l'Etat d'Israël n'a été aussi
assurée, tandis que jamais celle de ses citoyens n'a été
aussi menacée. Une fois prises toutes les précautions de langage possibles et même nécessaires, comment décrire cette occupation sans penser, fût-ce malgré soi, a l'Occupation? Comment parler de ce mur sans faire allusion au Mur? Ce n'est pas moi, c'est Yossef Lapid, ministre de la Justice du gouvernement Sharon, qui a osé, a propos d'une vieille Palestinienne cherchant a genoux des médicaments perdus dans les décombres de sa maison de Rafah, évoquer le souvenir de sa propre grand-mère expulsée de sa maison durant la Shoah. Ce sont quatre anciens dirigeants du Shin Beth (service de sécurité intérieure), dont le général Ami Ayalon, qui estimaient a la fin de l'année dernière qu'a persévérer dans cette politique «Israël ne serait plus une démocratie, ne serait plus le foyer du peuple juif». On se gardera bien de porter un jugement moral sur la situation. Un voyage en Israël convainc encore davantage que la guerre des morales, appliquée a des situations concrètes où chacun trouve matière a justification, ne profite qu'a la guerre tout court. Seul le langage de la raison est de mise. Chacun s'accorde a considérer qu'Ariel Sharon n'a aucune vision de l'avenir d'Israël, qu'il n'a que la vision de sa sécurité. D'où sa popularité persistante dans la population, malgré les rumeurs insistantes sur son prochain départ. Or on nage en pleine absurdité. Est-il vraiment nécessaire de sécuriser la frontière entre Gaza et l'Egypte, au prix de morts et de destructions qui évoquent la Tchétchénie, au moment où l'on s'apprête a en évacuer les colonies israéliennes? Est-il raisonnable d'enfermer dans des villages de Cisjordanie, où ils sont comme prisonniers, une population de jeunes Palestiniens sans emploi et sans ressources? Ce n'est pas travailler pour Arafat ou même le Hamas, c'est travailler a terme pour Al-Qaida. Il est possible dans ces conditions que le désamour actuel entre la
France et Israël ne soit que le reflet des mutations de l'idée qu'Israël
se fait de lui-même. Lors du colloque de Tel-Aviv, le grand écrivain
israélien Avraham Yehoshua, prenant le contre-pied des interventions
le plus souvent pessimistes et parfois agressives envers la France de la plupart
de ses compatriotes, a, dans une intervention aussi pénétrante
que lyrique, rappelé que l'age d'or des relations franco-israéliennes
a coincidé avec le moment où Israël, peuple de pionniers
inspirés par le socialisme autant que par la Bible, se faisait de lui-même
l'idée la plus haute et la plus exigeante. Nous avons besoin de la France,
a-t-il dit, nous avons besoin de l'Europe, nous avons besoin que vous interveniez
dans nos affaires. Malgré leur évidente bonne volonté,
les Américains, et notamment les juifs américains, entretiennent
depuis vingt ans ce pays dans une idée mythologique de lui-même,
qui débouche sur l'apartheid et sur le malheur. Or, comme l'a dit Gershom
Scholem, le sionisme est une rupture avec la mythologie et un retour a
l'Histoire. Il faut sortir des «frontières d'Auschwitz» (Abba
Eban). N'est-ce pas en ce sens très proche que Jean Daniel a parlé
de la «prison juive»? (1) Sofres. |
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